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L’ÉDUCATION PAR LES FLEURS.

commence un bas. À cette vue, la mère fut interdite et même attendrie, et son premier mouvement fut de remercier les dames ; mais son naturel grossier prit le dessus et elle dit :

« Mes enfants se passeront bien de vos soins ; ne sont-ils pas faits pour pâtir comme moi ?

— Mais, ma bonne femme, ne pourriez-vous donc pas leur faire un meilleur sort si vous le vouliez bien ?

— Cela me regarde, et je n’aime pas qu’on se mêle de mes affaires.

— Moi je veux être pansé par la dame, dit le petit en pleurant ; cela me fait du bien.

— Seriez-vous donc fâchée, ma chère, de voir votre enfant en bonne santé, et ne voulez-vous pas que je le soulage ? »

La femme du ménétrier tourna le dos sans répondre, et Mme Malmont acheva son pansement en réfléchissant à la grande et difficile charité qu’il fallait exercer envers cette pauvre famille ; car tout en diminuant sa misère et en cherchant à civiliser les enfants, il fallait les maintenir dans le respect dû aux parents : heureusement Louise l’aidait activement dans cette œuvre délicate. Elle avait inspiré le goût du travail à sa petite élève ; et depuis qu’elle avait fait preuve d’affection pour la pauvre enfant, elle en obtenait tout ce qu’elle voulait. Sensible à la bonté de Louise, Gote devint meilleure de jour