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L’ÉDUCATION PAR LES FLEURS.

sembla à Louise qu’elle était moins malpropre qu’à l’ordinaire ; mais les lits n’étaient pas faits.

Mme Malmont s’informa plus amplement des habitudes de la mère de Gote. Elle apprit que cette malheureuse buvait quelquefois un peu d’eau-de-vie pour se donner des forces, disait-elle. C’était une créature sans raison que le malheur irritait, qui battait ses enfants sans cause ; et les pauvres petits, abrutis par les coups, étaient exposés à devenir idiots. Mme Malmont résolut d’essayer de la ramener à de meilleurs sentiments. Prenant une bouteille de sirop pour le petit garçon qui était fort enrhumé, elle alla le lendemain dimanche chez le ménétrier avec Louise, et, comme elle y avait compté, elle trouva la mère de Gote dans sa chaumière.

« Ma bonne femme, lui dit-elle, voici d’excellent sirop qui soulagera la toux de votre enfant, si vous lui en faites prendre quelques cuillerées chaque jour.

— Mon petit n’a pas besoin de ça : les enfants des pauvres gens ne sont pas accoutumés à toutes ces douceurs-là ; et quand ils meurent, c’est tant mieux pour eux.

— Vous ne pensez certainement pas ce que vous dites là, ma pauvre femme. Si vous vouliez prendre des habitudes plus régulières et soigner vos enfants et votre maison, je vous fournirais assez d’ouvrage pour soutenir votre petite famille.