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LES FORFICULES.

prochée du ruisseau, et, enlevant un morceau d’écorce d’un vieil arbre, elle montra à sa fille une grande quantité de forficules tapies entre le bois et l’écorce.

« Tiens, lui dit-elle, les vois-tu qui restent auprès de leurs œufs ? En voici d’autres qui ne quittent pas leurs larves. Ces animaux me semblent plus complets que les autres insectes, puisqu’ils remplissent les devoirs de la maternité et ont la joie de connaître leurs petits.

— Mais je ne distingue pas bien les larves des insectes parfaits.

— Observe bien ; tu verras que leurs pinces sont droites au lieu d’être courbées en arc comme celles de leurs mères ; puis elles n’ont ni ailes ni élytres.

— Les mères n’en ont pas non plus, il me semble.

— C’est que tu observes mal. Il est vrai qu’elles sont bien petites, ces ailes, et ne leur servent pas à grand’chose. Toutes ces larves changeront de peau pour devenir des insectes parfaits ; et, jusque-là, les mères veilleront sur elles, bien qu’elles soient en état de marcher et de manger seules, et elles chercheront à les préserver de tout danger. Quelques naturalistes accusent les forficules de s’entre-manger quand elles sont privées de toute autre nourriture ; mais ce n’est pas bien prouvé. Quant à