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LES COUSINS.

petites bêtes sont-elles donc perdues pour toujours ?

— Oui, ma fille. Cet animal, dont l’œuf se développe dans l’eau et y subit toutes ses métamorphoses, ne peut en supporter le contact pendant la courte phase de son existence à laquelle vous assistez ; mais le malheur n’est pas grand, car ces animaux-là se multiplient dans une proportion effrayante : ils font cinq ou six pontes par an, et chaque ponte de deux ou trois cents œufs. Il restera toujours assez de ces petites nacelles vivantes.

— Ah ! dit Georges, en voilà un qui allonge deux pattes fines comme des cheveux.

— Et moi je vois deux autres pattes qu’il pose sur l’eau sans les y enfoncer ; il ne craint donc plus de se noyer, papa ?

— Non ; tout danger est passé maintenant pour lui.

— Le voilà qui étale ses ailes au soleil, sans doute pour les faire sécher ; il les agite comme s’il voulait s’envoler. Il faut que j’en prenne un avant qu’il en fasse usage, afin de reconnaître quel insecte ce peut être… Le voici avec ses yeux verts à reflets rouges et ses antennes qui ressemblent à de petites plumes. Il a six pattes : tiens ! Il allonge sa trompe comme s’il voulait me piquer. »

Norbert, qui s’était approché des deux petits observateurs, partit d’un éclat de rire.