Page:Carraud - Les métamorphoses d’une goutte d’eau, 1865.pdf/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
D’UNE FOURMI.

établissement ; les salles étaient spacieuses, les loges commodes, les galeries bien percées, les étages multipliés, et les souterrains à l’abri non-seulement des inondations, mais même de l’humidité. Je ne fus plus chargée de la surveillance des pucerons, à mon grand regret. On me commit à l’éducation des larves.

Les plus ambitieuses parmi nous se disputaient celles des mâles et surtout des femelles. Mes sympathies étant pour mes pareilles, je m’attachai exclusivement aux larves des ouvrières. Je passais tout mon temps à les lécher, et ne les quittais que pour aller recueillir le miel le plus délicat ; je ne craignais pas de courir au loin leur chercher la becquée sur les pucerons des différentes plantes, préférant de beaucoup, pour la saveur, leur miel à celui de nos troupeaux. Je joignais même à cette nourriture délicate, celle que je puisais dans les fruits et dans les fleurs.

Notre nouvelle cité, quoique bien préférable à l’autre, n’était cependant pas à l’abri de tout danger. Un jour elle fut ébranlée jusque dans ses fondements par un violent tremblement de terre. Ne sachant trop ce qui était arrivé, nous nous hâtâmes de porter nos élèves, espoir de la république, au plus profond de nos souterrains ; puis nous nous hasardâmes à sortir pour constater le sinistre. Il était grand ! Le dôme et ses trois étages supérieurs