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ORIGINES DU PARLEMENT DE BRETAGNE.

parurent ne pas vouloir se prononcer et firent traîner les choses en longueur. Aussi le Roi, avant que l’enquête n’eût été terminée, prit-il un parti en donnant gain de cause aux Nantais.

L’édit qui transféra la « séance » de Rennes à Nantes (juin 1557) eut une portée plus haute ; il établit avec précision que le Parlement serait toujours divisé en deux chambres, une grand’chambre du plaidoyer et une chambre des enquêtes. En vain Henri II avait ordonné aux magistrats des deux « séances » d’appliquer « le style et usage » des autres cours souveraines ; il savait que ses volontés n’étaient pas respectées. La division de chaque « séance » en deux chambres était même devenue une cause de désordres ; chaque chambre avait voulu entreprendre de connaître indifféremment de toutes les causes qui se présentaient en la Cour. Il n’en pouvait plus être ainsi. Il fallait qu’une des chambres fût tenue pour la première, qu’en celle-ci fussent présentées les lettres patentes et closes, qu’elle fût en quelque sorte l’image même de la Cour. Ce fut la grand’chambre qui comprit deux présidents et quinze conseillers dont huit « non-originaires », et sept « originaires ». Elle devait se recruter parmi les conseillers de la chambre inférieure suivant « l’ordre et ancienneté » de leur réception ; « un originaire » ne pouvait prendre que la place d’un autre « originaire », un « Français» que celle d’un « Français[1] ». Quant à la chambre des enquêtes, elle devait réunir deux présidents, six conseillers « non-originaires » et cinq « originaires », les derniers reçus. Il fallait donc créer encore pour les deux « séances » quatre offices

  1. Bibliothèque de Rennes, ms. 170, fo 292.