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DOUBLE RÉSIDENCE DU PARLEMENT.

chambres, dans chaque « séance », a été contrainte de chômer ; de là, grande incommodité pour les sujets du Roi, et grand retard pour l’expédition de la justice[1]. Ces considérants de l’édit de 1556 sont remarquables ; ils montrent que la royauté voulait améliorer le fonctionnement de la Cour, mais ils indiquent aussi chez elle des préoccupations fiscales. Le chiffre de vingt à vingt-deux juges que l’on trouve ici pour chaque « séance » permet en outre de croire qu’avant de rendre ce dernier édit Henri II avait déjà créé au moins quatre nouveaux offices ; il le déclare d’ailleurs le 1er juillet 1556 : « Nous avons composé notre dite Cour du Parlement de Bretagne de quatre présidents et quarante conseillers[2]. »

Dès ce moment les villes de Nantes et de Rennes s’efforçaient de leur côté de modifier l’édit de création du Parlement en demandant qu’il n’eût qu’une résidence ; chacune le réclamait pour elle seule. Des deux côtés on alléguait toutes sortes d’inconvénients qui résultaient de la diversité des résidences : il fallait, par exemple, payer le transport des sacs et registres de la Cour ; c’était une dépense importante, car ils étaient en grand nombre et devaient être tenus en lieu secret ; il était souvent très difficile et toujours très coûteux de transférer les prisonniers d’une ville à l’autre. Henri II renvoya les parties devant le gouverneur et lieutenant général de la province qu’il chargea de consulter les États de Bretagne. Ayant à décider quelle ville il serait le plus à propos de choisir comme résidence définitive de la Cour, les États, qui subissaient des influences contraires,

  1. Bibliothèque de Rennes, ms. 170, fo 247 ro.
  2. Ibid., fo 255 vo.