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GRATIFICATIONS.

gardes, quatre écus aux « archers de la porte », six écus aux « huissiers de la salle », quatre écus aux trompettes et vingt écus aux lieutenants des gardes ; les huissiers de la chambre du Roi reçoivent douze écus. Le registre de la Communauté indique encore d’autres gratifications ; il parle de bouteilles de vin et de barils de confitures distribués en l’honneur de l’arrivée du Roi[1]. Il était tout à fait dans les mœurs du temps que les villes fissent des cadeaux à leurs visiteurs de haut parage et aux gens de leur suite. Nantes n’agissait point autrement que Rennes[2]. Quand il entrait dans Rennes, le premier président du Parlement voyait le « corps de ville » venir au-devant de lui et il recevait un cadeau de vin ou de confitures[3]. Il en était de même des gouverneurs, et il vint un temps où les officiers qui les accompagnaient osèrent se plaindre tout haut que les gratifications se fissent attendre[4]. En 1613 Madame de Vendôme vint à Rennes avec son mari pour assister à la « tenue » des États ; comme elle ne l’avait pas accompagné en 1608, et comme, par suite, la ville de Rennes n’avait pas encore eu l’occasion de lui témoigner son affection, la Communauté décida de lui offrir deux bassins de vermeil[5]. La question des gratifications avait tant d’importance à Rennes que plusieurs articles du règlement de 1622 lui furent consacrés. On y peut voir qu’il était d’usage que la Communauté fît des présents aux commissaires du Roi quand les États siégeaient à Rennes, qu’elle en fit même à quelques membres des États quand ces assemblées se réunissaient et quand elles se dispersaient ; qu’à l’ouverture de chaque « semestre » du Parlement elle en fît aux « pré-

  1. Archives de Rennes, 475 A, fo 62 ro (12 mai 1598).
  2. Meuret, Annales de Nantes, t. II, p. 161 (1607).
  3. Archives de Rennes, 476 B, fo 5 ro (27 mars 1600).
  4. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 169 (Entrée du maréchal de Thémines, 1627).
  5. Ibid., fo 177. Mme de Vendôme avait vingt-un ans en 1613; en 1608, elle n’avait encore que seize ans ; elle était fiancée à César de Vendôme depuis 1598, mais son union ne fut célébrée avec lui qu’en 1609 ; elle était de deux ans plus âgée que César.