L’assistance publique offre dans toute ville un caractère essentiellement municipal. À Rennes, elle fut surtout représentée par le « bureau des pauvres ». Or, on voit parmi ceux qui forment ce « bureau » des conseillers et des présidents du Parlement[1]; c’est d’ailleurs le Parlement qui subvient en partie aux besoins du « bureau » en mettant à sa disposition le produit de certaines amendes[2], quelques aumônes[3] ou une somme prélevée sur les « épices[4] », en soumettant à une taxe spéciale tous les propriétaires de maisons[5], en frappant enfin un impôt sur le vin[6]. Le comptable du « bureau » est le « père des pauvres »; il est élu par la Communauté, mais sa gestion est soumise au contrôle de la Cour[7]. Lorsque des paysans poussés par la faim, se jettent dans Rennes, comme cela se produisit en 1597, c’est le Parlement et non le « corps de ville » qui décide de toutes les mesures à prendre pour nourrir ces malheureux[8].
En réalité le Parlement, n’ayant jamais été resserré dans ses attributions judiciaires, se voyait invoquer par bien des gens qui le considéraient comme le dépositaire de la puissance royale. À Rennes où il résidait on invoquait son intervention plus que partout ailleurs. Comment n’eût-il pas été amené à donner son avis sur toutes choses ? Il ne désirait pas assurément entrer dans le détail de l’administration municipale, mais s’il ne se mêlait pas des marchés passés entre la Communauté et les entrepreneurs de travaux publics, il se croyait en droit de rendre des arrêts sur le nettoyage des rues[9], parce que la santé de tous était en jeu ; il se désintéressait des discussions soutenues dans les assemblées