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INDUSTRIE ET COMMERCE.

des documents en question que Rennes était un des plus grands marchés de la Bretagne. Les industries les plus florissantes y étaient sans doute celles de la tannerie, de la « ceinturerie et baudrairie », de la cordonnerie et de la parcheminerie. Dans les « lettres » de 1578 le Roi insiste d’une façon tout à fait particulière sur les cuirs de bœuf ou de vache tannés, secs ou mouillés, sur les cuirs à poil, sur les peaux à laine, sur les peaux de veaux, de chèvres et de chevreaux. Dans la « pancarte » de 1597 la fabrication du parchemin et du vélin est signalée comme fort active. Il existait d’ailleurs à Rennes une rue Baudrairie, une rue de la Cordonnerie et une rue de la Parcheminerie.

On fabriquait encore à Rennes de la poterie, des lacets et des rubans de fil, de la quincaillerie et des « escriptoireries ».

Il est surtout intéressant de constater qu’en 1597 les relations commerciales de Rennes étaient fort étendues. Le commerce du poisson sec et salé, de la morue et du hareng, s’était développé, grâce au voisinage de Saint-Malo. Le commerce des draps avait grandi, grâce à la proximité de la Normandie ; Lisieux et Rouen avaient des rapports fréquents avec Rennes, mais celle-ci faisait aussi venir des draps de Paris, de Beauvais et de Boulogne, du Maine, du Poitou et du Berry, même de Londres, de Flandre et d’Espagne. Un certain commerce de luxe s’était développé avec l’usage des « taffetas, passements, soies, rubans, clinquants, toiles d’or et d’argent ». Les velours de Milan, d’Espagne ou de Flandre pénétraient dans Rennes. Les relations de la Bretagne avec le port de Bordeaux et avec l’Espagne ou le Portugal avaient donné l’élan au commerce des vins, et les vins d’Espagne et des Canaries étaient particulièrement appréciés à Rennes. Les relations avec la Flandre et l’Allemagne avaient poussé des négociants de ces pays à amener des chevaux aux foires de Rennes[1].

  1. Archives de Rennes, 250 (22 juillet 1578) ; 70 (31 janvier 1597).