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CONCLUSION.

assez simple pour qu’il fût toujours facile à la Communauté de voir très clair dans les recettes et dans les dépenses. Les revenus de la ville ne restaient-ils pas à peu près invariables tant que les bourgeois ne se préoccupaient que de payer les officiers municipaux, de pourvoir à l’entretien des rues, places et édifices publics ? Si on les accroissait en établissant des taxes exceptionnelles aussitôt que des travaux importants, de grandes constructions ou même des fêtes exigeaient que la ville dépensât davantage, la Communauté savait toujours exactement de quelles ressources elle disposait, puisqu’il n’était point de revenu qui ne fût déterminé à l’avance par la mise en adjudication de la taxe qui devait le produire. En tout état de cause les adjudicataires ou leurs héritiers étaient absolument responsables des fermes.

Quant aux dépenses, ce fut une pratique constante de les consigner en détail sur des registres de comptes. On distinguait entre les dépenses ordinaires et les dépenses extraordinaires. Les dépenses ordinaires correspondaient aux gages ou indemnités que la ville accordait à ses officiers et à ceux du Roi ; elles englobaient tous les travaux publics. Les dépenses extraordinaires couvraient les frais des députations et des gratifications. Il sera permis d’affirmer qu’un grand esprit d’ordre et d’économie présida toujours aux dépenses ordinaires. On ne voit point que la Communauté ait attribué des gages trop élevés, ni qu’elle ait cédé à la pression qu’exercèrent sur elle les lieutenants généraux, en vue de se faire construire des hôtels ou de se faire attribuer une installation luxueuse. Sans doute au début du XVIIe siècle on la voit s’engager dans des entreprises coûteuses, percer des rues, construire un pont et un hôpital, agrandir son collège, distribuer des eaux potables dans Rennes, refaire le pavé de ses rues et décider d’édifier un palais pour le Parlement ; mais à coup sûr c’étaient là des entreprises utiles et l’on peut croire qu’elles étaient proportionnées aux ressources de la ville. Les documents qui les signalent permettent de constater d’ailleurs