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Scène V.

MARCACHU, seul ; puis PIERRETTE.
MARCACHU.

Je crois que je chuis le préféré !… elle m’a lancé un regard ! (Voyant le paquet déposé par Chapailloux sur la table.) Mais qu’est-che que ch’est que cha ?… un paquet ?… (Il l’ouvre.) Nom d’une casserole !… ch’est des chouliers !… (Il en prend un qu’il examine.) des escarpins de femme !… dernier genre !… (Montrant les clous.) avec des paillettes !… Le Chapailloux est venu, et il a apporté ça pour mam’jelle Pierrette !… Oh ! la colère ! ch’est pour qu’elle dansa avec lui qu’il lui a apporté ça !… Si je chippais les chouliers et que je les emporta… non, je passerais pour un voleur… et pourtant fouchtra !… je ne veux pas qu’elle ait ces chouliers-là… (Il cache derrière lui le soulier qu’il tient à la main.)

PIERRETTE.

Voilà le lard ?

MARCACHU.

Si elle voit le choulier, je chuis perdu !… (Il le fourre au fond du panier de légumes qui est sur la table.)

PIERRETTE, mettant sur la table le lard.

Voyons, faut travailler, monssieu Marcachu, mettez le lard dans la marmite ; moi je vas éplucher les légumes. (Elle prend le panier.)

MARCACHU, troublé.

Oui, mam’jelle Pierrette. (À part.) Pourvu qu’elle ne voite pas le choulier ! (Dans son trouble, il se trompe, et au lieu du lard, il met les chandelles dans la marmite.)

PIERRETTE.

Je vas éplucher tout ça.