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GUILLOT.
Je suis content, à la bonne heure !
Mais je me fâcherai désormais si l’on pleure.
Que dirait l’oncle Mathurin,
Etc., etc., etc.
GUILLOT.

Voyons, dépêche-toi… va donner la becquée aux poules et puis finis ta paire de bas, et puis repasse le linge de la lessive, et plus vite que ça, ou sinon…

DENISE, effrayée.

Oui, mon cousin…

Elle se sauve.


Scène II

GUILLOT, seul.

Quand Denise est partie, Guillot se met à rire en regardant le public — puis d’une voix très-douce.

J’ai l’air de croquemitaine, n’est-ce pas ? quand je parle à cette jeunesse… c’est exprès… c’est pour de rire ! Je tâche de l’échigner à force de la faire travailler… c’est bon pour les filles, ça… il n’y a rien qui les abrutit comme la fatigue ! et ça les empêche de penser à mal… et celle-là, je serais si désolé de la voir mal tourner !… car enfin c’est ma petite cousine, puisqu’elle est la nièce de mon oncle Mathurin ; c’est comme mon enfant, puisqu’elle est orpheline, et que son oncle, le mien, le père Mathurin, me l’a confiée quand il est parti pour Paris… Jusqu’à présent je n’en avais jamais eu que de la satisfaction, quand, il y a quinze jours, en passant du côté de la poste, je la vois qui mettait une lettre dans la boîte… Je me dis tout de suite : bien sûr, c’est à Grévin qu’elle écrit. Il a dansé neuf rondes avec elle, dimanche soir à l’assemblée, avant de retourner à son village… Bien sûr, c’est à Grévin qu’elle écrit !… aussi, je vous demande un peu pourquoi qu’on y a appris à écrire !… Est-ce qu’une fille devrait savoir de ces choses-là ? mais c’était une lubie de notre oncle Mathurin, il a tenu à ce que j’avions de l’instruction !… Enfin, v’là Denise qui rentre ; j’étais