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et posséder non seulement un patrimoine à eux qu’ils pourront laisser à leur famille, mais également des économies et un petit capital.

Peu de sol produit aussi facilement et peu d’endroits procurent autant de travail aussi bien rémunéré.

J’ai fait connaissance à Amos, à Macamic, à La Reine et ailleurs, de gens venant de toutes les parties du Québec. Partis pauvres de chez eux, ils sont venus dans l’Abitibi avec quelques piastres, beaucoup d’esprit de travail et du courage plein le cœur.

Après deux ans, je les ai vus à l’aise, possédant un lot bien bâti, souvent un petit commerce ou travaillant à bon salaire dans les moulins avoisinants.

Tous se sont déclarés enchantés et ne voudraient pour aucun prix retourner dans le village ou la vieille paroisse où ils végétaient. Tous sont fiers de leurs efforts ou du résultat obtenu.

Combien de fils de cultivateurs, combien d’ouvriers de nos villes, combien de petits négociants devraient s’acheminer vers ces terres nouvelles où tout est à créer, où la fortune sourit rapidement à tout être qui veut travailler, se bien conduire et économiser ?

Posséder sa liberté d’action, avoir à soi une maisonnette, un coin de terre, pouvoir cultiver ses légumes, produire des denrées, c’est là la légitime ambition de tout homme de cœur.

Élever sa famille, lui laisser un toit hospitalier, un patrimoine qu’on a soi-même gagné à force de travail et de bonne sueur, ne constitue pas un mince bonheur au soleil couchant de la vie.

Il faut y penser et très sérieusement.

Combien de nos ouvriers des villes, pères de familles, laisseront-ils ce patrimoine à leur femme et à leurs enfants ?

Combien de fils de cultivateurs des vieilles paroisses pourront rester heureux sur la terre paternelle ? Très peu…

Plutôt de s’acheminer vers les grands centres et aller brûler leur activité dans les usines, gaspiller leur salaire et leur santé dans des plaisirs factices et éphémères, combien seraient-ils plus heureux, colons dans l’Abitibi, maîtres de leur vie et libres de leurs actions.

« Emparons-nous du sol » — voilà ce que nous devons comprendre et pratiquer.

Puis, ce n’est pas demain qu’il faudrait y penser sérieusement, mais tout de suite et agir en conséquence.

Le sol argileux de l’Abitibi est un des plus fertiles qui soit. Il fait partie de la fameuse « clay belt » qui forme les plaines les plus réputées de l’ouest. Les céréales, les graminées, les légumes, tout y pousse en abondance.

Là plus qu’ailleurs, c’est le temps de s’écrier en s’adressant aux colons : « Travaillez, mes amis, travaillez, c’est le fond qui manque le moins. »