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que nous avons vu, il vous restera toujours nécessaire de contempler de vos propres yeux.

Non seulement le sol est riche là-bas comme dans les plus fertiles vallées des affluents du Saint-Laurent, mais combien vite il se colonise ! Déjà de tous côtés s’étendent de vastes défrichements, des prairies ou champs de céréales à perte de vue ; de reposantes fermes bordent les rivières et les lacs. Vous dirai-je que de forts villages, jusqu’à une ville, de fait quoique non de droit, s’y étalent en différents endroits.

Et quelle imposante et commode voie ferrée traverse la région, la reliant par ses deux bouts d’un côté à Québec, de l’autre à Winnipeg ! À y voir circuler les plus somptueux convois, se croirait-on en contrée si fraîchement conquise sur la forêt ? Véritablement, c’est à se croire le jouet de quelqu’illusion.

Demain on y trouvera un déboulement de la province de Québec, non moins prospère là qu’ici ; et combien française sera cette extension de l’ancien territoire ! Lisez, en arrêtant à chaque gare : LaReine, La Sarre, Dupuy, Authier. Partout on baptise de noms empruntés à la langue du siècle de Louis XIV. Surtout la population y aura bien la mentalité des enfants de la fille aînée de l’Église.

Les prêtres arrivent avec les colons, leur bâtissant des églises, des écoles, voire même des couvents. Tout y marche à pas de géants, d’autant plus vite que la forêt cède plus aisément sous la poussée des travailleurs. Dans les quelques derniers mois, la population y a doublé.

À tous les braves, fondateurs vraiment d’empire, redisons notre admiration et souhaitons des imitateurs.

Et il ne faudra pas craindre les froids et gelées, qui n’y existent pas si terribles qu’on les soupçonnerait à distance.

L’abbé J.-B.-A. ALLAIRE.
Dans le Coopérateur Agricole du 29 septembre 1917


Prenez une carte du Canada, et suivez le tracé du Transcontinental de Québec à LaReine ; vous aurez une bonne idée de l’étendue du territoire que nous avons traversé, dans une course de cinq cents milles, de Québec à la frontière d’Ontario.

Rappelez-vous, qu’il y a cinq ans, il y avait à peine une maison, sur quatre cent milles de ce parcours ; partout l’épaisse forêt, des rivières, des lacs immenses, rien autre chose.

Aujourd’hui, nous voyageons sur un chemin de fer qui peut être comparé avec n’importe quelle voie ferrée de l’Amérique, pour la solidité ; et nous rencontrons en route des trains de douze wagons tout à fait remplis de voyageurs. Nous avons six mille colons dispersés un peu partout, éloignés les uns des autres de un à vingt milles, établis dans des villages où règne une activité fébrile, et jetant les fondements de nouveaux foyers dans un désert encore vierge.