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« Le sous-sol est de même nature et de même composition que la couche arable, c’est une glaise très serrée, par conséquent très réfractaire à la filtration de l’eau. L’épaisseur de cette couche de terre varie de quelques pieds à quarante pieds et plus.

Par suite du peu de filtration, l’eau provenant de la fonte des neiges le printemps, et des pluies d’automne s’introduit à travers le sous-sol et y demeure comme dans un bassin ; la hauteur de ce bassin est ce que l’on est convenu d’appeler le niveau d’eau. La profondeur à laquelle se trouve cette eau varie suivant la pente du terrain et la formation de son sous-sol. Dans l’Abitibi, ce niveau d’eau se trouve à très peu de profondeur, trop peu à certains endroits. Ceci est une cause que le terrain reste froid, et se prépare tard le printemps De là la nécessité de drainer pour abaisser ce niveau. Une fois le bois enlevé. Le terrain est partout onduleux ou convergeant.

Le drainage par fossés à la surface est relativement facile une en pentes plus ou moins douces vers un lac ou vers une rivière. Un grand nombre de petites rivières et de ruisseaux servent déjà, mais d’une manière incomplète, à écouler l’excès des pluies et de la fonte des neiges. Quand le bois est enlevé et la mousse et les souches brûlées, l’excès d’eau à la surface s’écoule relativement bien. En nettoyant et en creusant les ruisseaux qui déjà existent à certains endroits, puis en ajoutant d’autres fossés là où c’est nécessaire, ces terres peuvent être débarrassées de leur surplus d’eau à assez peu de frais.»

Monsieur J.-M. Leclair a fait analyser par M. A.-T. Charron, du laboratoire officiel provincial, un certain nombre d’échantillons du sol de l’Abitibi.

Il résulte de ces différentes analyses, que la terre de l’Abitibi est à base d’argile, presque partout acide, contenant en général une bonne proportion de matière organique, d’azote et des autres éléments de fertilité.

Presque toute la région est recouverte de l’épais manteau de mousse, qui est de règle dans les pays du nord.

Cette mousse est un engrais précieux ; le défricheur doit donc travailler à la conserver autant que possible, et ne pas la faire brûler au ras de sol ; il faut se contenter de ne la faire brûler qu’à demi ; le résidu mélangé avec l’humus, par les labours, forme une terre excellente pour les premières semences. Si le feu est trop ardent, il consume en même temps la mousse et l’humus, et met à nu la glaise, qui est par là même privé de son engrais naturel. Lorsque ces sols brûlés trop profondément sont soumis à l’action désastreuse des pluies, ils deviennent pauvres en matière organique, en azote et en potasse, et, par conséquent, réfractaires à la culture.

C’est là un point important, et les colons ne devraient pas attendre que la terre ait trop séché pour mettre le feu dans le défrichement. Il vaut mieux se reprendre deux ou trois fois pour brûler l’abatis que