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leur de café au lait de la rivière Harricana pour les eaux claires de l’Allard supérieure, la verdure prend des teintes plus vives, les plantes sont plus robustes et les fleurs sauvages, telles que les rosacées, les chèvrefeuilles, les orchidées, etc., croissent à profusion au milieu de juillet.

« Le climat, dit encore M. Bancroft, est un facteur beaucoup plus important que le sol. La région étudiée se trouve entre les latitudes 48°30′ et 50°50′, mais heureusement la diminution de l’altitude compense l’augmentation de la latitude, et dans la plus grande partie de cette région au moins jusqu’aux environs du lac Matagami, la température annuelle doit être en moyenne à peu près la même qu’aux environs du chemin de fer Transcontinental.

« Chaque année on fait une récolte de pommes de terre et de légumes au poste de la Compagnie de la baie d’Hudson sur le lac Waswanipi à la latitude de 49°36′ à environ 100 milles au nord du Transcontinental et à une altitude de 680 pieds au-dessus du niveau de la mer. En 1911 on avait fait les semailles le 30 mai et on avait récolté à la fin de septembre 180 boisseaux d’excellentes pommes de terre qui n’avaient jamais été endommagées par la gelée. Lorsque nous visitâmes le poste le 5 août, les pommes de terre commençaient à perdre leurs fleurs et promettaient une autre bonne récolte, les pois et les navets étaient également très beaux. Au printemps dernier, la glace se brisa sur le lac le 5 mai et le 21 mai elle avait presque complètement disparu. »

Au sud, la marche de la colonisation devra atteindre le Témiscaming. En effet, la colonisation de l’Abitibi est intimement liée à celle du Témiscamingue : ces deux régions ne devront plus tard faire qu’un seul tout.

« Dans ce temps-là », comme le disait il y a près de quarante ans, un conférencier prophétique, « la patrie canadienne, restreinte au midi et au sud-ouest, s’étendra vers le nord, embrassant des espaces plus vastes que ceux qu’elle occupe aujourd’hui. Le nord sera le domaine, la force de notre nationalité. »[1]

Emparons-nous donc au plus tôt de notre immense nord pour y établir le plus possible de nos compatriotes. C’est là qu’est l’aisance, la fortune, l’avenir, le salut, car c’est là qu’est le territoire immense, riche, le plus à notre portée et qu’aucun changement, qu’aucune révolution politique ne pourra jamais sérieusement nous disputer.

IVANHOË CARON, ptre,
Missionnaire-colonisateur.
  1. L’abbé Proulx. Ouvrage cité p. 74