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ainsi il seroit bon de tacher de les exempter du travail, que toutes les entreprises leur causoient. Ces considérations me firent tater le poux au gouverneur qui nous avoit desja fait connoistre qu’il scavoit nostre (446 bis) venue par un coup de canon a boulet dont il nous salua sans effect. Je luy envoié donc un tembour avec nostre interprete et un troisieme qui canottoit avec ordre de luy redemender trois françois, nommés peré, la Croix et des moulins[1], qu’il avoit arresté prisonniers, qu’il avoit fort mal traités et le sommer de me rendre la place sous conditions sures et honorables, si non qu’il s’attendist a toutes les extremités que sentoient ceux qui les attaquent opiniastrement, l’advertir que j’avois pris les deux autres forts et leurs bastiments, et en un mot et a son refus, luy dire que je suis resolu et en estat de me faire obeir. Je leur avois, outre cela, recommandé expressément de ne boire n’y manger et de ne repondre a toutes les questions qui leur pouroient faire que par un je ne scay pas. Ils me raporterent, à leur retour, la reponse du gouverneur. Elle estoit conceue en termes generaux qui ne decidant rien, ne faisoient aucune mention de rendre ny prisonniers, ni la place, ny de se vouloir battre. Ce qui me faisant juger qu’il estoit homme de cerimonie et qu’il ne demendoit que quelques coups de canon pour le faire sortir avec honneur, je me mis des le moment en devoir de le conter. En effect je (447) comendé de l’assoir et me mis a faire travailler à la battrie, et fis quatre detachements pour aller dans le bois aux

  1. Sur les nommés Péré, LaCroix et Desmoulins, voir le préambule de la narration de M. de Catalogne, appendice E.