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faire decharger le navire et mettre ce qui estoit dedans dans le magasin, je fis ensuitte oster les deux grosses pieces de canon du fort, et les fis embarquer avec leurs affuts et les boulets, ce qui s’en trouva estoient en fort petit nombre. Ce qui fist que le sr. Lallemend fist un moulle de bois pour en faire de plomb, avec du machefert dedans, pour remplir, comme il avoit desja pratiqué quelques années auparavant, contre les Anglois qui le canonnerent en passant le detroit[1], après quoy tout estant prest pour mon depart, je fis passer les anglois de l’autre bord avec des vivres, filets, fusils & poudre suffisamment pour chasser, ainsi que j’avois fait aux autres, et leur deffendis sur peine de la vie de passer dans l’isle sous aucun pretexte, leur permettant en cas de besoin de venir deux hommes au plus, a marée basse, sur une batture qui est dans le milieu de la rivière, et d’y faire un signal avec un mouchoir a la main, auquel on iroit a eux, leur donnant (445) a cet effect un canot. Je parti ensuitte aiant laissé dans le fort pour y commender vingt hommes du sieur de Chesni[2] qui s’estant fort bien acquitté de son devoir a sa prise et a celle du second, se trouvoit indisposé.

J’emploié les jours suivants a me rendre au fort de Quiquichouan, le bastiment nous suivant, qui portoit notre canon. J’observe pendant le chemin, que les bords de la mer sont très difficiles, estans fort plats, les voiageurs se trouvant absolument obligez

  1. Nous avons mis à l’appendice C la partie de la relation du voyage de M. de la Martinière (1684-1685) où le père Silvy raconte en détail l’attaque qu’ils essuyèrent de la part des Anglais dans le détroit de Hudson, au mois d’août 1685.
  2. Le sieur Duchesnay.