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d’appeti que d’autre chose. Nostre misere estant a un tel point qu’un de nos hommes attenue de tant de fatigue, estant allé à la chasse ne revint point. Je laissé deux canots pour l’attendre et le chercher, mais ne l’aiant point trouvé ils s’en revinrent au fort. J’y envoie encore un canot sauvage qui n’en rapporta aucune nouvelle, ce qui me fait juger qu’il est mort de faiblesse, ou qu’il a este englouti dans quelque marais tremblant. Pour moy, je continué ma route et arrivé a la pointe de la traverse que nous cherchions depuis si longtemps, je trouve deux de nos canots qui venoient d’y arriver, qui me dirent que plusieurs de nos gens estoient desja parti pour se rendre au fort, les avoient asseurez que tout mon monde y estoit et avoit gaigné terre a bon port. Ce qui me donna bien de la joie. Je disné la bien petitement, estant réduit moy troisième, scavoir le Sr. Briguiel anglois, moy et mon vallet, a une poingnée de pois et un quartier de becasse, encore ne faisions nous qu’un repas qui estoit a trois heures de l’apres midy. Nous continuâmes ainsi de campement en campement, jusques a sept lieues du fort. Le vent nous vint si contraire qu’il nous obligea de rester là, si bien qu’estans veneues jusques a n’avoir plus rien pour menger, Dieu permit que le vent (444 bis) changea, et m’amena en peu de temps au fort[1], ou je trouvé nostre bastiment qui estoit arrivé, il y avoit long temps.

Le dix sept & le jour suivant, tout le reste de mon detachement arriva, et pendant que je m’occupé a

  1. Fort Monsoni (Moose Factory).