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place dont je fis sortir les Anglois qu’on avoit desarmés, et les envoié a fond de cal à un jak, du port de trente cinq a quarente tonneaux, qui estoit échoué pres du fort et sans agrey. Je leur fis donner des vivres avec leurs couvertes et hardes, et de peur des esprits, un bon corps de garde, ainsi qu’au fort et sur le navire dont voicy la prise.

Les deux canots, que j’avois destines pour prendre le bastiment, estants partis dans la resolution que j’ay marquée cy-dessus. Le sr. d’hyberville qui en commendoit un l’aborda du costé de tribort, ou ayant rencontré (441 bis) la chaloupe cela l’empescha de monter sur le pont. Ils ny trouverent pour toute garde qu’un homme, envelopé dans sa couverte, qui dormoit tranquillement. Le reste des gens de ce vaisseau en faisoient autant dans le lit, ne s’attendant nullement a ce reveil matin. Nos gens aiant donne deux ou trois coups de pied sur le pont pour l’eveiller, celuy qui dormoit dessus se leva en sursaut, et s’estant mis en deffence obligea un des nostres de le tuer d’un coup de fusil. Au bruit, un de ceux qui estoient dans la chambre voulant monter sur le pont, le sr. d’hyberville l’en empescha et luy donna un coup de sabre sur la teste, ce que n’arresta pas son opiniatreté. Il appella ses compagnons a son secours, et faisant tous ses efforts pour monter il en fut arrester tout court par un coup du meme sabre au travers du corps. Pendant ce temps la, nos gens avoient fait des ouvertures avec des haches dans la chambre, dans laquelle ils firent pleuvoir une gresle de coups de fusil, dont quelques anglois se sentant