Page:Caron - Journal de l’expédition du chevalier de Troyes à la baie d’Hudson, en 1686.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 71 —

chouanne, donnant ordre neantmoins pour la construction d’une double chaloupe, n’estant pas seur d’enlever ce bastiment. Ma resolution estant prise, je commende soixante bon hommes, laissant le surplus dans le fort que j’avois pris, soubz le commendement du sr. de st. Germain qui ne sachant pas le chemin plus loin, donna un sauvage du lieu pour nous conduire. Je leur fis distribuer des vivres autant que je le pouvois, et des canots tant pour leur usage que pour porter pics, pioches, pelles et autres munitions necessaires, outre deux petits canons sans affuts pour nous en servir dans le besoin. Je prie apres cela le R. P. Silvie de rester au fort pour se rafraichir, et parti le 25 avec mrs. de ste. helenne et d’hyberville suivi de nos gens bien deliberey pour aller a la riviere Rupert. Je fus camper a l’embouchure de celle de Monsipi. Elle est a cinq lieues de nostre fort, et estant pres d’arriver au camp deux de nos gens se battans dans leur canot le firent tourner. Par malheur il portoit nos boulets nos grenades qui nous obligea d’attendre le lendemain jusques a midy pour le retirer a basse marée. De la nous fumes camper a l’entrée de la baye des oucaouons[1] qui a cinq lieues de traverse (438 bis).

Le vingt sept et le jour suivant nous séjournames a cause d’un grand vent qui venant du large nous empescha de faire cette traverse nous eumes aussi froid qu’en plain hiver.

Le 29 des le matin, le vent estant diminué nous fimes la traverse, dans laquelle nous trouvames des

  1. La baie de Hannah, dans laquelle se décharge la rivière Harricana.