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que je ne peu pas faire le brenchage comme en trope, a cause de la difficulté qu’il y avoit eue de les voiturer dans nos canots, l’ecorce estant plus portative d’ailleurs, moins embarassente, et aussi utile. J’adjousté à tout cela quatre échelles pour servir au besoin.

Le dix neufv.e je décampé de bonne heure et fis six lieues dans la matinée pour venir jusques a la fourche de Monsipy[1], d’où j’envoie a la découverte les srs d’hyberville et de st Germain, accompagney d’un homme de nostre detachement, et me tint coy dans une pointe d’isle, que nous ne quittâmes que sur le soir pour les joindre, ou les attendre ou ils devoient avoir posé une marque, comme je leur avois ordonné. Nous marchâmes jusques a la nuit sans en trouver, lorsqu’estant pres de la cabenne pour attendre le jour, nous vîmes un feu à nostre gauche. Nous gaignâmes terre et y trouvâmes celuy qui avoit accompaigné nos decouvreurs, qui nous dist (433) qu’il falloit dessendre plus bas, ce que nous fimes, avec d’autant plus de peine qu’il nous faillut sauter deux rapides, ou plus de la moitié de nos canots echouerent, sans neanmoins aucun dommage. Quoy qu’il fist bien noir nous fumes a une isle, ou l’homme qui avoit fait le feu cy dessus nous avoit asseurey que nous devions trouver nos decouvreurs. Cependant nous n’y trouvâmes personne et le jour approchant nous obligea de nous retirer dans un cul de sac de peur d’estre decouverts, ou nous passâmes la journée.

  1. Rencontre de la rivière Moose et la rivière Abitibi.