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élevée du niveau de l’eau de vingt trois pieds. Il est de pieux et flanqué de quatre petits bastions, je m’applique ensuitte a faire représenter la forme des fortifications (430) des Anglais. Je me servi, a cet effet, de picquets et de cordeaux n’aiant pu trouver de terrain propre pour ce subjet dans mon voiage. Je fis apres cela mes detachemens. fist mettre les officiers a la list, et fit voir a chacun ce qu’il y avoit a faire, leur commendant de si bien se souvenir de ce que je leur disois, lorsque nous irions a une attaque plus serieuse. L’evennement m’a fait voir que cet exercice n’avoit pas esté inutille.

Le sixie. je laissé le sr. de Cerry[1] pour commender dans le fort, et luy donné trois hommes. Je partis ensuitte a soleil levant et fis cabanner au dessous du détroit de st Germain, dans la grande isle, dont il y a quentité dans le lac qui est fort

    seuls les postes situés sur les rivages de la baie James retournèrent à l’Angleterre, après le traité d’Utrecht, en 1713. Ceux de Mistassini, de Nemiscau, d’Abitibi restèrent en la possession des Français.

    Dans la correspondance des gouverneurs et des intendants, il est souvent question de ce poste d’Abitibi. Ceux-ci poussaient les coureurs des bois de ce côté, et les exhortaient à prendre tous les moyens possibles pour attirer les sauvages et les empêcher de descendre à la baie James, où ils rencontraient les traiteurs anglais.

    Ces derniers, d’après une lettre de de Beauharnois, en date du 18 février 1731 (Arch. Can., série F, vol. 54, fol. 224), avaient bâti une maison sur la rivière Abitibi, à 50 ou 60 lieues au-dessus du lac Abitibi, où ils invitaient les Indiens à se rendre.

    Après la conquête, le poste d’Abitibi fut occupé par les messieurs de la compagnie du Nord-Ouest, et finalement il fut cédé en 1821 à la compagnie de la baie d’Hudson qui y a encore un établissement, où trois cents Indiens y viennent faire la traite des fourrures.

    Sur un monticule, en arrière du fort, s’élève une chapelle proprette : c’est là que les pauvres sauvages viennent prier et recevoir l’instruction religieuse pendant les quelques semaines que dure la mission d’été.

    MM. de Bellefeuille et Dupuy (voir page 44) se rendirent à ce poste en 1837 et 1838. Plus tard, en 1844, les révérends Fères Oblats continuèrent l’œuvre qu’ils avaient commencée, et depuis cette époque cette mission a été visitée annuellement par un prêtre de cette communauté. Le missionnaire actuel des Indiens de l’Abitibi est le révérend Père Isidore Evain.

  1. Il nous a été impossible d’identifier ce sieur de Cerry.