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vâmes en une lieue et demie de chemin trois portages, dont le premier est de mil, le second de 250 (435 bis) le troisiesme de 800. Au premier et dernier il y a deux grands costeaux, dont la montée et la descente fatiguent beaucoup ceux qui font portage. Je campé au haut du dernier avec six canots, les autres estant restey derrière, parce qu’il est impossible dans ces portages de decharger et recharger qu’un canot à la fois.[1]

Le vingt huittiesme, le temps fut fort chaud. Je décampé a soleil levant, et mes gens firent quatre portages dont il y en a un fort mechant ; il est de 700 pas, un de nos gens déchargeant son canot laissa tomber dans l’eau son sac a hardes qui coula bas.

Le vingt neuf, nous continuâmes nostre voiage par un fort beau temps et fimes environ trois lieue de chemin ou il y eut quatre portages[2], dont le dernier nous fut fatal par le trop de présomption de quelques uns de nos gens qui, au lieu de faire comme les autres, voulurent monter le rapide. Leur témérité fist faire naufrage a trois canots et mouiller tout ce qui estoit dedans, outre que les canots furent rompus en quelques endroits ; mais par bonheur personne ne fut perdu (426). Les srs de ste helenne, de maricourt et de la noue, qui arrivèrent les derniers de trois canots, manquerent a périr avec tout ce qui estoit dedans le leur, qui coula a fond ; mais estant revenu sur l’eau, ils se sauverent. Il fal-

  1. Ils montèrent en ce jour la rivière Windigo, jusqu’au lac Hough. C’est la route qui était suivie autrefois par les explorateurs pour aller du Témiscamingue au lac Larder.
  2. Ces quatre portages se trouvent entre le lac Hough et le lac Ward, dans le canton Rattray.