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jour et fument cabaner à la petite nation, à huit lieues de là.

Le dix neufviesme, nous décampames de fort bonne heure pour aller a un lieu nommé la chaudière, à environ neuf lieues de là, ce que nous ne pumes faire a cause qu’il fallut s’arrester pour racommoder nos canots. Nous passames la rivière du lièvre pour y en prendre un, qui y estoit, qu’il faillut regommer tout a neuf, aiant passé là l’hyver. Nous fumes camper a deux lieues plus haut[1] ou tous les canots a cinq ou six près nous vinrent joindre le lendemain. Pendant toute cette route nous avions fait plusieurs fois rencontre des troupes d’Iroquois Chestiens, qui nous pressoient charitablement de séjourner dans des endroits ou ils offroient de nous régaler, ce que ne pouvant leur accorder pour faire plus de diligence. Les uns (417) nous donnoient de la viende en presant, les autres offroient d’aller a la chasse pour nous, et il eut même des mieux faits d’entre eux, qui voulurent m’accompagner dont je les remercié. La nuit il fist fort mauvais temps.

Le vingtiesme, il continua, en sorte que la journée se passa en pluie accompagné d’un fort grand vent. Je fis attacher un canadien a un arbre pour le punir de quelque sotise qu’il avoit dite ; quelques mutins voulurent a ce sujet exciter une sedition, mais je les ramené en peu à leur devoir. Le P. Silvie m’y aida beaucoup, et je connus dans cette occasion le caractère des canadiens, dont le naturel ne s’accorde guère avec la subordination.

  1. À la rivière Blanche.