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la noüe pour aide major, six sergeants six caporaux et six anspesades[1], que je séparé, également dans les escouades, que je fis remettre en bataille, ayant les sergeants caporaux et anspesades susdits a leur teste. Je leur fis lire à même temps des reglements que j’avois dressé tant pour la marche des canots que de chaque brigade, que pour les campemens, gardes et autres fonctions militaires. Je leur fis aussi tirer au sort le rang de leurs escouades, dont la première commença a monter la garde et l’on dressa par mon ordre une (415) tente aupres de la mienne pour servir de corps de garde, l’on posa sentinelle sur le bort de la greve, devant les canots soubz lesquels on mettoit le bagage, et ainsi je les assujeti peu a peu a la discipline que demande la regularite du service, et qui seul manque a la valeur naturelle des canadiens.

Le quinziesme avril, je décampai apres la messe et m’en allé par terre avec le P. Silvie et ceux qui estoient inutiles au service des canots[2]. Je pris cet expedient non seulement a cause de la difficulté des rapides[3] mais encore à cause du froid excessif qui faisoit, qui n’empescha pas que ceux qui estoient destinez a monter les canots, ne fussent dans l’eau jusques a la ceinture, et quelque fois jusques au col, pour les traisner, estant absolument impossible de percher dans les chuttes d’eau épouvantables. Il n’y eut que les deux lieutenants et les deux majors

  1. Anspessade — Bas officier de gens de pied au xvie et xviie siècle. Nouveau Larousse illustré.
  2. En suivant la rive nord de l’Ottawa.
  3. Ces rapides se continuent sur une distance de cinq milles entre Stonefield et Grenville.