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Le reste de son escadre étant venu le rejoindre, l’intrépide marin entreprit de faire le siège du fort, mais la garnison se rendit bientôt à discrétion (12 septembre 1697).

Le fort Nelson, et le reste de la baie d’Hudson, le fort Albany excepté, restèrent en la possession des Français jusqu’au traité d’Utrecht en 1713.

D’Iberville ne devait plus revoir les rivages désolés de la baie d’Hudson, les flots courroucés de cet océan intérieur, où il avait conquis ses plus beaux titres de gloire.

« Si la navigation, dit Garneau[1], a quelque chose de grand et de hardi dans les hautes latitudes de notre globe, elle y est infiniment triste. Un ciel bas et sombre, une immense solitude qu’éclaire rarement le soleil, les flots lourds, couverts, la plupart du temps, de glaces, dont les masses colossales ressemblent à des montagnes, des côtes nues et arides qui semblent augmenter l’horreur des naufrages, un silence interrompu seulement par les gémissements de la tempête ; telles sont ces mers qui ont attaché au front d’Iberville une gloire dont le caractère tient de la nature mystérieuse du Nord. Depuis longtemps son vaisseau aventureux les sillonne. Plus tard, il descendra vers des climats plus doux.

« Ce marin, qui a fait son apprentissage au milieu des glaces polaires, finira sa carrière sur les flots tièdes des Antilles, au milieu des côtes embaumées de la Louisiane. Il fondra un empire sur les rivages où l’hiver et ses frimas sont inconnus, où la verdure et les fleurs sont presque éternelles »[2].

  1. Histoire du Canada. 5ème édit. Tome i, pp. 413 et 414.
  2. D’Iberville décéda à la Havane, le 9 juillet, 1706, à peine âgé de 47 ans.