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passé l’hiver entier. Celui qui commandait le navire, chassant dans l’île, au printemps, se noya. Le temps venu pour mettre à la voile, se trouvant trop faibles pour manœuvrer, le pilote et les autres au nombre de six jugèrent à propos de faire servir le moins vigoureux des deux Canadiens. Ils le délièrent et il servit aux manœuvres. La plupart des Anglais estant au haut des manœuvres, le Canadien n’en voyant plus que deux sur le pont, sauta à une hache, dont il cassa la teste aux deux qui étaient sur le pont, courut délivrer son camarade plus vigoureux que lui, se saisirent d’armes et montèrent sur le pont où d’esclaves ils se rendirent les maîtres, et firent prendre au navire la route de nos forts. Ils rencontrèrent le sieur d’Iberville qui avait équiper un bâtiment pour aller délivrer ses hommes au moment que les glaces le luy permirent. Le bâtiment anglais était chargé de marchandises et de vivres qui ont fait grand bien à nos forts. »

La compagnie du Nord, n’ayant pu envoyer de provisions pour ravitailler les trois forts de Saint-Louis (Monsipy), de Rupert et de Sainte-Anne (Albany), dans l’été de 1687, la disette ne tarda pas à s’y faire sentir.

D’Iberville, prévoyant que les conquêtes des braves soldats du chevalier de Troyes, seraient bientôt vaines si on ne venait à leur secours, résolut de retourner à Québec, par terre, afin de renseigner lui-même le marquis de Denonville. Il partit avec ses deux frères, de Sainte-Hélène et de Maricourt, ne laissant que douze hommes dans les deux postes de Saint-Louis (Monsoni ou Monsipy) et de Sainte-Anne avec chacun un minot de blé-d’inde, pour toute nourriture.

    Arch. Can., Corr. gén. Canada, 1687, fol. 61.