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ont commises dans les personnes de plusieurs français envoyés par la compagnie et société des habitants de cette colonie pour le commerce des pelleteries du côté de la baie du Nord, dont la concession leur avait été accordée par Sa Majesté, par lettres patentes du 20 mai dernier, qui approuvent et autorisent la dite compagnie, et la connaissance que nous avons de la perfidie du nommé Radisson, sujet du roi et employé depuis plusieurs années par la dite compagnie, lequel, au lieu d’être fidèle à leurs intérêts, s’est dérobé pour aller en Angleterre, en dessein de s’associer de gens pour piller les postes que lui-même avait établis, et les marchandises qu’il y avait portées pour la traite de la fourrure de la part de ceux qui l’y avaient employé et lui avaient confié leurs intérêts. Son pernicieux dessein lui ayant réussi, le 15 août 1684, par une trahison qu’il fit à Chouart, son neveu, que lui-même avait posté dans une île située dans la rivière Bourbon, où sur la bonne foi d’oncle envers un neveu, et sous la bannière française, le dit Radisson approchant comme ami et comme venant de la part de la dite compagnie, se saisit du dit Chouart, des autres Français qu’il avait avec lui et d’un grand nombre de pelleteries que le dit Chouart et autres Français avaient traitées au profit de la dite compagnie, ce qui leur ayant été d’une perte très considérable, nous aurait engagé à chercher les moyens de mettre à couvert de telles insultes ceux que la dite compagnie choisira à l’avenir pour la régie de leurs affaires de ce côté-là.

« Pour ce, nous avons cru ne pouvoir mieux faire que de choisir le sieur de Troyes, dont la sagesse, prudence et bonne conduite, savoir-faire nous sont assez connus pour l’envoyer avec le nombre d’hommes et d’officiers que nous jugerons à