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à Londres, si l’équipage avait été tout français, d’Iberville l’aurait assurément pris ; mais se prudence l’a empêché de rien entreprendre sur le d. navire afin de se réserver pour le port Nelson. C’est à la conduite du dit Sr. d’Iberville que l’on doit tout ce succès.

Arch. Can. Corr. géné Canada. Vol. 1 fol 480 à 498.




appendice l


17 Novembre 1689

COPIE D’UNE LETTRE DU SR. D’IBERVILLE COMMANDANT DE LA BAIE DU NORD EN CANADA A SES ASSOCIES A PARIS.

Québec, le 17 Novembre 1689.

Le Capitaine Bonnaventure[1] a relaché ici ayant parti trop tard de France. S’il fut arrivé au mois d’Aout ou de Septembre à la Baie, il se fut chargé des Castors que j’ai apportés ici et j’aurais avec le Navire que j’ai pris sur les Anglais, été hiverner au Fort Nelson avec quarante hommes et m’en serais rendu maître cet hyver sans qu’il eût coûté vingt mille livres. Pour vous faire un petit détail de ce que j’ai fait depuis que vous avez eu de nos nouvelles par les premiers vaisseaux, je vous dirai que le 1r. Juillet étant au fort St. Anne je sus par des sauvages venant de la guerre des Esquimaux qu’il avaient trouvé une chaloupe anglaise qui venait avec quatre hommes de reconnaître le fort St. Louis où elle n’a trouvé que quatre hommes qu’elle s’en retournait à Ruper où était son vaisseau distant du fort Ste. Anne de 50 lieus et du fort St.  Louis de trente lieus ; qu’ils le devaient venir prendre, ayant pris le plus grand des bâtiments Anglais, je fus contraint de partir pour aller à Charleston quérir nos yivres qui y avaient resté en automne, je partis sur le champ le’er. de Juillet avec onze de mes gens et laissa au fort mon frère de Maricour avec 9 hommes et 58 Anglais et me rendis à Charleston. Après avoir passé au fort St. Louis pour voir si l’anglais n’y serait point. J’y arrivai le 2 au soir ou j’ai trouvé des quatre hommes que mon frère y avait laissés un de mort et deux autres brûlés par la poudre, hors de service, le 3, je changeai tout ce qu’il y avait dans la maison et

  1. Simon Pierre Denys, Sieur de Bonaventure, fils de Pierre Denys, sieur de la Ronde, et de Catherine LeNeuf, de la Potherie, baptisé à Québec, le 24 juin, 1659. Marié, en 1686, à Geneviève Couillard de Québec, il épousa, en secondes noces, en 1693, à La Rochelle, Jeanne Jeannière, épouse de feu François Bourdon, Sieur de Dombourg.

    Lieutenant de frégate d’abord, il devint capitaine en 1689, et fut aussi lieutenant du roi en Acadie.