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leur distribuer des vivres, Maricour partit du vieux fort vers la fin de l’année 1688 pour aller à Charleston sur les glaces pour savoir des nouvelles des six hommes qu’il y avait laissées pour le garde de nos marchandises qui y étaient restées ; il les trouva en parfaite ordre et en ramena quatre avec lui pour fortifier Quichychouan où étaient les navires Anglais. Il y a presque 150 lieus à faire sur les glaces et une traversée de 15 lieus sans abri, les Anglais étaient 85 hommes sur les deux navires, le plus grand était de 18 pièces de canon et 4 pierriers, le petit était de dix pièces et de 4 pierriers avec quantité d’armes et munitions de bouche et de guerre. Des 85 hommes susdits, il en était mort 28, y compris 3 de tuer par nos gens.

Avant que le Sieur Bellefeuille fut arrivé pour apporter la nouvelle de la prise des navires Anglais la Compagnie avait résolu d’envoyer St. Hélène, frère d’Iberville pour la découverte d’un chemin par lequel on prétendait aller en 20 jours à la Baye, et même temps un secours d’hommes pour aider au Sr. d’Iberville à repousser les Anglais qui pouvaient revenir cette année à la dite Baye pour savoir des nouvelles de leurs gens.

C’est pourquoi il fut dépêché un des associés pour aller travailler à Montréal a cette expédition qui fut achevée le 5e. de Juillet (1689) que le dit de Sainte Hélène partit avec 50 hommes parmi lesquels il y avait nombre de matelots que l’on envoyait exprè pour amener les navires Anglais, en cette rade. Il fut aussi dépêché par Tadoussac 10 à 12 hommes entre lesquels était un pilote français qui avait fait deux voyages au port Nelson dans le temps que nous en étions en possession. Depuis l’arrivée du dit Sr. Bellefeuille on n’avait reçu aucune nouvelles de la Baye jusqu’au 20 Octobre 1689 qu’arriva le Sr. La Chevrotière avec 8 Anglais entre lesquels étaient les trois Capitaines des navires pris avec des lettres de d’Iberville qui marquait qu’il avait pris la résolution de s’en venir à Québec avec les navires Anglais, le plus grand équipé de ses canons, 30 Français et 12 Anglais, et qu’il avait donné aux autres Anglais, qui n’étaient de nulle conséquence, un petit bâtiment qu’il avait pris le printemps dernier pour s’en retourner en Europe, qu’il partirait le 10 Septembre du fond de la Baye et, qu’il laisserait son frère Maricour pour y commander avec St. Hélène qui ne s’enviendrait que quand le temps serat passé que l’on peut craindre l’arrivée de quelques navires Anglais, et même qu’il viendrait par ce chemin prétendu qu’il aurait marqué en allant, ayant mit 42 jours à se rendre au lieu de 20. Il ne crois pas que les Anglais y retournent sitôt. Dans les prises que nous avons faite, il s’est rencontré onze pilotes, il ne leur reste que le nommé Grimeton qui était pour nous dans le Soleil d’Afrique, et qui nous a déserté, s’il revient au dit fond de la Baye il est encore à nous.

Nous sommes au 29 octobre 1689 le navire du Nord arrive chargé de pelleteries, il a rencontré le navire qui porte les retours du fort Nelson