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lui dit qu’il ne fallait point différer, et qu’il ne manquerait point de hardes.

Il obéit et l’emmenèrent à notre fort. Il dit au Sr. d’Iberville l’état ou étaient les affaires des anglais, lui faisant connaître qu’ils étaient venus exprès pour chasser les Français, et qu’il s’en défiait, que tout ce qu’ils faisaient n’étaient que pour l’amuser et le trahir, et qu’ils avaient encore des marchandises par derrière eux. Ensuite d’Iberville et son frère Maricourt, avec douze hommes se furent camper dans l’ile des Anglais, proche leur fort et demandèrent à parler. D’Iberville fit connaître qu’il n’était pas content de leur procédé et qu’ils manquaient à la parole qu’ils lui avaient donnée. Ils lui firent réponse qu’ils désireraient le contenter en toutes choses.

Le Gouverneur Anglais vint lui-même pour l’assurer qu’il lui tiendrait parole. Le lendemain l’on fut chercher le reste de la marchandise, et ils envoyèrent le Capitaine Abraham pour otage, disant à d’Iberville que c’était un homme pour lui ils avaient beaucoup de considération. Un long temps se passa, se visitant les uns les autres en se régalant. Le capitaine Abraham, otage, fit confidence à d’Iberville. qu’il était un forban qui avait été pris par eux dans le détroit, et lui dit, ne faites aucun fond pour m’avoir comme otage, je sais qu’ils vous veulent tromper, et, et que tout ce qu’ils font n’est que pour prolonger le temps en attendant que les glaces leur donnent la liberté de se mettre sur les navires avec quoi ils prétendent se rendre maîtres de votre fort et vous prendre, et ajouta qu’ils avaient encore des marchandises.

D’Iberville profita de ces avis pour rompre le traité qu’il avait fait avec eux, puisqu’ils y contrevenaient. Il résolut de commencer par leur oter quatre bons hommes qu’ils avaient, lesquels étaient de vieux hivernants de ces quartiers, qui savaient la langue des sauvages. Pour exécuter ce dessein il les fit inviter par LaMothe, et un sauvage, d’aller quérir de la viande fraîche, et que les sauvages avaient tué dix cariboux, ils accordèrent que le lendemain ils iraient. LaMothe les fut quérir en passant, et les mena par l’endroit où il savait que Maricourt les attendait avec cinq hommes. Le dit Maricourt leur dit Mrs. la viande fraîche que je veux vous donner est chez nous, il faut y venir ce qu’ils firent, leur ayant été promis qu’il y avait bon quartier pour eux. D’Iberville les fit mettre en prison, et dit au Capitaine Baudeleur premier, prisonnier, de faire venir toutes ses hardes, ce qu’il fit en écrivant au commandant Anglais qui fit réponse par notre français qu’ils les en verraient sans faute le lendemain, ce qu’il fit avec 17 hommes qui menaient une traîne. Le Sieur d’Iberville fit au devant d’eux accompagné de 13 hommes à dessein de les enlever, ce qu’il fit en les faisant conduire à son fort. Ils dirent que leur Lieutenant venait après eux, lui deuxième. Maricourt s’en fut lui 4e. au devant pour les prendre.