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gner autre chose que des coups et de perdre du temps, et peut être leur navire, et eux-mêmes, ainsi qu’il fut arrivé, s’ils eussent bien échoués quelque part qu’ils n’eussent pu se relever, car alors nous les aurions eus à notre disposition, tellement qu’a l’entrée de la nuit, ils levèrent l’ancre nous saluant de tous leurs canons, nous leur répondîmîes du notre bien satisfaits de les voir aller.

Nous apprîmes de nos Anglais que ceux des 2 frégattes avaient ordres exprès de leur compagnie de perdre tous les Français qu’ils trouveraient dans le détroit et dans la baie sans avoir égard à leur commission. Un ordre si cruel et si impie mérite vengeance. Je ne manquai pas de faire remarquer à ceux que nous tenions, la différence qu’il y avait entre le génie anglais et celui des Français qui est humain, doux, bienfaisant, fidelle, religieux et veritablement chretien, ainsi qu’ils le pouvaient connaître par le bon traitement que nous leur faisions, nonobstant la declaration qu’ils nous avaient faite sans y penser.




appendice d


Monseigneur

L’application et les soins que vous donnez si charitablement a l’aventage de ce pais, a donné Courage aux principaux habitans et marchands, d’y former une compagnie, pour prendre possession des terres decouvertes par les francois, et Commencer par Mer un cômerce au Nord de cette Colonie. Vous avez sceu, Monseigneur, qu’ils s’estoient postez dans les Rivieres de Bourbon et de Ste. Thérèse, que le Roy leur a données par son arrest du 20e. may dernier et ou ils avoient basty des maisons et magasins, mesme Commencé d’y faire une grande traitte avec les sauvages des Environs, durant et après leur hyvernement, lorsque trois ou quatre Renegats francois assistez d’une Compagnie particulière d’anglois de Londres, les ont pris, brûlez leurs maisons et Magazins et pillez pour plus de quatre cents mil livres de pelleteries, ce qui est sans exemple, entre des nations de bonne Intelligence, ils ont fait plus, car ils gardent les dites Rivières de Bourbon et de Ste. Thérèse avec vingt pièces de Canon et une garnison de Cinquante hommes, ce qui fait craindre a la dite Compagnie de ne pouvoir reprendre avec ses seulles forces, ces Rivieres et terres, qui appartiennent de temps Immémorial au Roy, C’est surquoy ils reclament vostre protection. Monseigneur, pour obtenir de sa Majesté, un Navire avec lequel ils puissent attaquer par mer les ds. pyrattes Anglois et Renégats francois Ils sont bien aussy dans l’Intention de s’Efforcer de les prendre par terre.