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deux courtines, contre (449) lesquelles nous envoiames en moins d’une heure plus de cent quarante vollees de canon, qui grillerent la place de tous costez, en sorte que le boullets venans a nous menquer, nos gens crierent un grand Vive le Roy. Les anglois nous repondirent d’un pareil cry. Mais il nous parut au ton cassé, qu’ils estoient cachez dans une cave, ce qu’ils nous ont avoue depuis, et que le cry Vive le Roy, dont ils nous avoient repondu, estoit pour nous faire connoistre qu’ils se vouloient rendre, n’estant assez hardys pour paroistre, et aller oster le pavillon qui paroissoit sur un de leurs bastions. Ce que un d’eux aiant pourtant voulu entreprendre, il s’en retourna aussi tost sur ses pas, sans oser aller plus avant. Comme je ne scavois rien de tout cela je faisois travailler a toute force a faire des boulets, lorsqu’après avoir menge fort legerement, me promenant seul dans le camp, pour disciper le mal de teste, qui m’acueilloit, et raivant aux moiens de reduire promptement cette place, dont une plus longue resistence avoit causé la ruine entière de mes gens, l’on vint m’advertir, de nostre battrie, qu’ils battoient la gancade (?), et l’on voioit des gens s’embarquer avec un pavillon blanc sur le bord de l’eau. Je juge bien que leur heure estoit venue. J’envoie dont, incontinent, ordre au corps de garde a l’este, fis dessendre des gens sur l’avenue de nostre camp, et aiant fait prendre les armes a soixente de nos meilleurs hommes, je leur fis border la haie de l’eau, pour attendre cette chaloupe & commende, lorsqu’elle seroit avancée, de demender a ceux qui estoient dans