Page:Caron - Deux voyages sur le Saint-Maurice, 1889.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 95 —

vince ; seulement il faudra que ces réserves soient relativement petites et que le lieu en soit bien choisi. Mais réserver un immense territoire pour empêcher la colonisation d’y pénétrer, cela n’aurait jamais dû entrer dans la tête des Canadiens-Français.

La loi des réserves forestières, telle qu’elle est comprise et appliquée aujourd’hui, étant une nuisance pour les colons, je demande qu’elle soit abrogée à la prochaine session. Mes commettants n’entendent pas badinage sur ce point.[1]

2o Quand on a remonté le Saint-Maurice jusqu’à La Tuque, on est à se demander comment il peut se faire qu’il n’y ait pas un petit bateau à vapeur qui voyage entre ce poste et le village des Piles. Comment cela se fait-il ? C’est toute une histoire.

Jusqu’à ces dernières années, cette ligne de bateaux à vapeur a toujours été considérée comme partie intégrante de la ligne du chemin de fer des Piles, et la tête de ce chemin devrait être à La Tuque. Quand le Gouvernement de Québec se substitua, plus tard, à la Compagnie du chemin de fer du Nord, il accepta cette clause de la charte aussi bien que les autres, et se mit en frais de l’exécuter royalement. Il envoya des hommes compétents pour examiner comment sont construits les bateaux qui voyagent sur l’Ohio, et sur d’autres rivières où l’eau est peu profonde ; des plans furent faits en conséquence, et le contrat fut donné pour la construction d’un bateau à vapeur sur le Saint-Maurice.

Le gouvernement avait voté pour cette entreprise une somme de 13000 piastres. Hélas ! c’était trop. Il est quelquefois désavantageux d’avoir trop d’argent, et nous l’avons bien éprouvé dans la circonstance. Les entrepreneurs devaient recevoir 13000 piastres, il leur fallait donc faire un beau bateau ; ils ne suivirent pas les plans qui leur avaient été donnés, ils firent un beau

  1. La loi a été abrogée. Cependant il reste encore dans nos Statuts des dispositions nuisibles aux intérêts des colons. Nous espérons qu’on ne s’arrêtera pas en chemin, et qu’on enlèvera de nos lois tout ce qui sent la persécution contre les défricheurs.