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À St-Joseph de la Mékinac

Notre chaland s’ébranle, et un vigoureux coup de canon va dire au loin que l’évêque des Trois-Rivières part en ce moment, pour faire sa première visite dans la mission de St-Joseph. Six hommes robustes poussent le chaland avec leurs longues perches ; un septième est au gouvernail. Nous reconnaissons plusieurs des hommes qui nous ont conduits sur le Saint-Maurice ; reposons-nous sur la force et le courage de ces braves.

Les passagers sont fort à l’aise, mais quelle navigation pénible pour ceux qui poussent le chaland ! À chaque instant nous touchons aux pierres qui sont répandues partout dans le lit de la rivière, et il faut toute la force de ces hommes du Saint-Maurice pour nous faire passer outre.

Il vient des moments où le chaland s’échoue complètement ; il semble alors que nous ne pouvons aller plus loin, et vous auriez dit, vous aussi bien que moi : retournons sur nos pas, il est impossible de remonter la rivière Mékinac, la nuit, avec une pareille embarcation et une pareille charge. Eh bien ! savez-vous ce que font nos hommes ? Les quatre qui sont aux coins du chaland sautent dans la rivière, ils poussent le chaland, ils le soulèvent au besoin, et lui font franchir l’obstacle.

Il y a de grosses pierres qui obstruent le passage, mais à côté de ces pierres l’eau est assez profonde, les hommes en ont jusqu’à la ceinture et parfois même jusque sous les bras. N’importe ! ils n’ont pas un mo-