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Blondin. « La Tuque » monta bravement cette charge monstre, puis il périt au champ d’honneur.

Pendant que nous pensons à ces choses, de joyeuses détonations retentissent, et nous abordons à deux heures et quarante minutes ; plusieurs personnes sont sur le rivage pour nous recevoir. Madame Lacroix nous a préparé un bon goûter auquel nous faisons honneur.

Madame Lacroix est une métisse, née et élevée à Montachingue ; elle a nom Marguerite Walker. Par son teint et ses traits on voit tout de suite qu’elle a du sang sauvage, mais elle est de haute stature, et elle a toutes les bonnes manières de nos compatriotes.

Après le goûter, Monseigneur bénit Madame Lacroix et toute sa famille, et nous faisons de nouveau ce trajet d’un mille, que nous avons déjà fait en pleine nuit. Ce n’est aujourd’hui pour nous qu’un exercice salutaire. Dans tout cet espace, il n’y a plus de grands arbres, et certains morceaux de terrains sont complètement défrichés. On dirait vraiment que la nature a préparé ces lieux pour en faire l’emplacement d’une ville, et d’une très belle ville. Est-ce que l’industrie canadienne pourra, plus tard, opérer cette merveille ?

Monseigneur arrête faire une visite à M. McGregor, premier contremaître de M. Ross. J’entre d’abord avec Sa Grandeur, mais comme je ne suis pas décidé à déployer la profonde connaissance que j’ai de la langue anglaise, je profite de l’entrée d’un certain nombre d’autres personnes pour m’esquiver et courir chez M. Bourassa. Nous sommes toujours mieux chez les nôtres.

Bientôt Monseigneur vient à son tour chez M. Bourassa, et après quelques minutes d’entretien, nous partons pour la Rivière-aux-Rats.

Nous sommes en barge, et nous avons trois rameurs qu’on nous donne comme les meilleurs du Saint-Maurice. Ce n’est pas peu dire. M. Honoré Thibault, accompagné de son épouse, nous suit en canot d’écorce.