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Mme Lacroix. Voilà ce que cela procure de se trouver à point en toute occasion.

La nature est belle à décrire, mais les personnes doivent attirer encore plus sérieusement l’attention. Je vous dirai donc, cher lecteur, qu’à La Tuque les mœurs sauvages commencent à se faire sentir. Il y avait à la mission plusieurs femmes avec leurs bébés ; or chacun de ces bébés était attaché à une planche que l’on veut bien appeler son berceau. Vous reconnaîtrez facilement en cela une coutume sauvage.

Il faut décrire ce berceau en détail, n’est-ce pas ? Eh bien ! prenez une planche de trois pieds de long, et clouez vers le bas une planchette bien mince, pliée en demi-cercle ; maintenant établissez sur la longueur, et de chaque côté, une corde bien forte, fixée en trois endroits, s’il est possible. Couchez sur cette planche l’enfant enveloppé dans ses moelleuses couvertures, en lui mettant les pieds sur la planchette ployée à cette fin, puis passez en lacet des bandelettes dans les cordes longitudinales, de manière à fixer solidement l’enfant sur la planche depuis la tête jusqu’aux pieds : vous aurez alors le berceau employé par les canadiennes de La Tuque.

Complétez cependant votre berceau : mettez en couronne audessus de la tête de l’enfant un demi-cercle bien fort ; s’il y a des mouches, vous pourrez toujours y jeter un voile ; et si la planche tombe par accident sur le sol, le bébé sera protégé.

Fixez enfin une lanière en arrière de la planche, et si vous voulez porter l’enfant, passez cette lanière sur votre front, le bébé sera sur vos épaules, et vous aurez un grand plaisir à l’entendre gazouiller, pendant que vous marcherez les mains libres. Quand vous serez dans la maison, vous placerez l’enfant comme vous voudrez : vous pouvez l’appuyer le long du mur, le suspendre au crochet avec votre chapeau, et vous pourriez même, si vous ne l’aimiez pas tant, le mettre dans le coin du balai.

De temps en temps, détachez un bout des lanières, de façon à laisser les petites mains du bébé libres, et