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Il n’y en a pas un, en effet. La chose qui paraît la plus naturelle, c’est que les mouches au plancher de haut s’éclataient de rire, et vous voyez que ce n’est pas suffisant pour exposer la vie d’un homme.

Quand M. le curé chanta pour la dernière fois le refrain

Laissez-moi aller
Laissez-moi aller jouer,

volontiers nous lui aurions dit : Veuillez nous emmener avec vous, car nous aimerions à vous entendre chanter encore.

Il chanta aussi la chanson de Michaud qui était monté dans un pommier.

La branche a cassé
Michaud a tombé ;
T’es-tu fait mal Michaud ?
Non, non, non.

Il fallait entendre cela ! Un écrivain de théâtre dirait que cette chanson eut un succès fou.

Mais j’entends mon lecteur qui me dit : Vous, qu’avez-vous chanté ? Certes, je vous trouve bien curieux, ami lecteur. Je vous donnerai le catalogue de mes chansons une autre fois. Je puis bien vous dire, cependant, que la seule de ces chansons qui parut produire de l’effet a été :

Trois canards déployant leurs ailes,
Coin ! coin ! coin !

Un chant sublime, comme vous voyez. De plus, j’ai constaté une chose très honorable pour moi : De tous ceux qui ont élevé la voix en cette circonstance, c’est moi qui chantais le plus mal, et de beaucoup encore, Il y a toute sorte de manières de s’illustrer.

Quelques-uns ou quelques-unes ont chanté, comme à la sourdine, des chansons où il y avait des mots un peu tendres : Monseigneur eût préféré que celles-là n’eussent pas été chantées, et il l’a dit formellement le lendemain. Mais pour ce qui regarde la conscience, je me porte garant qu’il n’y a pas eu un péché véniel de commis. La gaieté fit commettre quelques imperfections, voilà tout.