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M. George Adams est protestant, mais son épouse, Olive Dontigny, est catholique. Monsieur le curé avait été averti de la naissance d’un enfant dans cette famille, et comme la mère n’était pas assez bien portante pour venir à la mission, il avait promis de baptiser le nouveau-né à la maison, à son prochain voyage. Il invita Monseigneur Laflèche à faire le baptême lui-même, et cette invitation fut acceptée avec plaisir. Tous ceux qu’il y avait dans le chaland montèrent chez M. Adams, à la suite de Monseigneur ; la famille de M. Louis Blackburn, une famille canadienne française, malgré son nom britannique, vint s’unir à nous, et nous formâmes ainsi un cercle considérable autour du vénérable évêque qui commença immédiatement le baptême. L’enfant, une jolie petite fille, reçut le nom d’Alice Isabelle ; Madame Adams la portait elle-même au baptême, et les parrains étaient Monsieur et Madame Pelletier de la Grande-Anse. Monseigneur fit d’importantes recommandations aux parrains et à la mère, puis nous retournâmes à notre chaland. Les coups de carabine commencèrent de nouveau à retentir ; les effets d’écho sur les grands rochers voisins étaient saisissants.

Notre chaland est en marche, et nous passons bientôt à l’embouchure de la petite rivière Batiscan. Il y a sur les bords de cette rivière de belles terres à coloniser ; mes chers lecteurs, n’oubliez pas cela, je vous en prie.

Mais quelle est cette pointe qui s’avance ici dans le fleuve ? On nous répond que c’est la pointe de Sintamaskine. Ce nom sauvage, probablement un peu défiguré par les canadiens, signifie, paraît-il, l’action de se baisser. C’est ici qu’autrefois les guerriers venaient se mettre en embuscade ; ils se baissaient au pied des grands arbres, puis ils tombaient d’une manière inopinée sur leurs ennemis qui débouchaient par la petite rivière Batiscan. D’après les traditions des voyageurs du Saint-Maurice, quarante hommes auraient été tués sur cette pointe dans un combat meurtrier contre les Iroquois.

L’histoire est-elle d’accord avec la tradition ?