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abondante, et il m’en coûtait de mettre des épis de côté. En faveur des hommes de Dieu que mon livre va peut-être tirer de l’oubli, pardonnez à mes fautes d’écrivain.

Mais bientôt surgit une autre difficulté : Quoi, me disait-on, vous allez publier un ouvrage sur le Saint-Maurice, et vous ne parlerez pas de la chute de Chawinigane ? Vous devez bien voir que c’est impossible !

Je le voyais en effet, et alors que fallait-il donc faire ? Aller voir le Chawinigane, en faire la description et ajouter cela à mon volume ? Vous comprenez vous-mêmes que cet appendice aurait eu toutes les allures d’un champignon. Je me vis donc comme forcé d’entreprendre un second voyage, et de décrire, non pas seulement la chute de Chawinigane, mais tout le Bas Saint-Maurice. Ce voyage a donné la matière de la seconde partie du présent ouvrage.

Ici ce n’est plus la marche triomphale d’un prince de l’Église au milieu d’une population ivre de bonheur, c’est la marche silencieuse d’un très humble particulier dans un petit canot d’écorce. Dans des circonstances si désavantageuses, j’ai recours à l’histoire et à la légende pour donner de l’intérêt à mon récit. Je me débats tant que je peux pour empêcher mes lecteurs d’avoir sommeil, car l’injure la plus sanglante que l’on pût me faire, serait de peindre mon volume ouvert sur les genoux d’un lecteur endormi.

Allons, mes amis, entrez vaillamment dans la lecture de ces pages et j’espère que vous en pourrez voir le terme sans broncher.

Le premier voyage eut lieu en 1887 et le second en 1888.