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restée debout, fut démolie et remplacée par celle que nous voyons aujourd’hui, et qui est d’un excellent tirage.

La scierie de l’embouchure du Saint-Maurice a l’immense avantage de posséder un bon quai, où les grands vaisseaux abordent sans crainte, de sorte que les camions de l’établissement vont mener la planche au vaisseau même, sans transbordement. Un embranchement du chemin de fer du Nord passe aussi à quelques pas des cours de l’établissement, et pendant quelque temps on a même établi une communication régulière, de sorte que les wagons venaient prendre leur chargement sur place.

Mais tandis que je glose si longuement, vous me demandez : Qu’est devenue la nacelle ? Qu’est devenu votre guide ? En cette journée du 14 août, nous n’avons point passé le pont de bois, mais nous avons abordé tout auprès de la culée de ce pont. Voyez-vous, le soleil baissait rapidement, et le petit bout de chemin qu’il restait à faire pour déboucher dans le Saint-Laurent, je l’ai parcouru tant de fois, et nous le voyions si bien de nos yeux !

Mon guide prend donc son canot et moi mon sac de voyage, nous montons la côte, et nous voilà sur les trottoirs de la ville. Nous rencontrions de gros messieurs et de grandes demoiselles qui, voyant cet homme coiffé d’un canot d’écorce et ce prêtre qui suivait à pas précipités, ouvraient de grands yeux surpris et nous suivaient longtemps du regard ; mais nous faisions bonne contenance.

Où alliez-vous donc, me demanderez-vous ? Nous allions par la rue du Pont droit à la gare du chemin de fer, et vous comprendrez facilement pourquoi nous y allions. Vous voyez que pour descendre le Saint-Maurice à partir des Piles il ne nous avait fallu qu’une petite journée ; mais pour remonter, c’est autre chose : il eût fallu à M. Maurice deux jours de grande fatigue. Au lieu donc de se donner tant de peines, M. Maurice allait mettre son canot dans un wagon du chemin de fer des Piles, et lui-même devait s’en retourner le