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plusieurs années, et le travail qu’on y trouvait, bien qu’un peu irrégulier, donnait le pain à plusieurs familles.

M. Paterson ayant fermé sa manufacture, M. Onésime Fréchette acheta le terrain et l’édifice, construisit de nouveaux bâtiments, et ouvrit, en société avec M. O. Brunel, une manufacture d’allumettes. C’était en 1884. La manufacture fonctionna pendant 19 mois, et employa un bon nombre de mains. Pendant ce temps la sècherie de l’établissement brûla deux fois, en 1885 et en 1886. L’incendie de 1886 faillit se communiquer au village, et en amener la ruine complète. Cependant, la compagnie formée par M. Onésime Fréchette n’ayant pu se maintenir, M. N. Gagnon acheta la manufacture et la fit fonctionner jusqu’au printemps de 1887. Elle fut alors fermée définitivement. Un incendie éclata ensuite spontanément dans une salle où se trouvait une grande quantité d’allumettes, tous les bâtiments nouveaux furent consumés, et il ne resta que l’ancienne manufacture de M. Paterson. Les choses en sont à ce point aujourd’hui.

Encore quelques pas, mon cher lecteur, et nous voilà au confluent du Saint-Maurice et du Saint-Laurent. Ne vous laissez pas trop distraire par la vue du grand fleuve, gardez un peu d’attention pour la pointe que nous avons devant nous. Elle est bien dépouillée, bien chenue, mais sachez qu’autrefois elle était couverte de beaux grands pins. Moi-même qui suis jeune, j’ai pu en voir quelques-uns encore ; hélas ! le fleuve continuant à ronger la côte, est venu à bout de faire disparaître le dernier de ces arbres. Le sable maintenant y poudroie continuellement, et forme, sur l’espace d’un mille, un chemin de sable mouvant connu d’un bout du pays à l’autre.

Ce promontoire s’est appelé le cap des Trois-Rivières, mais depuis bien longtemps il porte le nom de cap de la Madeleine, nom qui s’est étendu à tout le village et à toute la paroisse. D’où lui est venu ce nom ? De M. de la Ferté abbé de la Madeleine, chantre de la Sainte-Chapelle, et donateur de la seigneurie où nous sommes, On lit dans les Relations de 1663 : « Il est vrai que ceux de nos sauvages qui sont