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succès conserva une grande valeur à la propriété de M. Henry Stuart.

Vous me demanderez ici avec une curiosité bien légitime, si l’on pouvait encore reconnaître les Forges d’autrefois, ou si tout avait été changé, renouvelé, anglicisé. Je vous répondrai par les lignes suivantes qui sont absolument vraies dans tous leurs détails : « Nombre de curiosités du temps des Français ont été conservées, par exemple les boiseries de la « grande maison, » certains outils, la forge du gros marteau, la feuille de tôle sur laquelle on sonne la « charge » des hauts-fourneaux. Les termes dont se servent les ouvriers proviennent en partie du vieux régime. Les sas du lavoir au minérai n’ont pas changé de forme depuis un siècle et demi[1]. C’est toujours la même manière de cuire le charbon de bois, de composer les « charges » des fourneaux, de faire la coulée de la gueuse et aussi de préparer les moules des poêles. Tout un monde d’autrefois est là, qui persiste à vivre étranger aux changements de l’industrie actuelle[2]. »

En novembre 1851, Messieurs André Stuart et John Porter de Québec achetèrent les forges et les deux fiefs, mais quand ils voulurent sérieusement en tirer profit, ils trouvèrent que tout y était détérioré, que la mine elle-même se faisait rare ; et au bout de quelque temps, ils en vinrent à la décision extrême de fermer les forges. La grande industrie canadienne qui avait tant attiré les regards et fait rouler tant d’argent était en pleine décadence.

Alors les colons commencèrent à se fixer sur les terres de la Compagnie et à les défricher sans avoir de titres M. J. Baptist embarrassait une partie de ces terres par ses travaux d’estacades aux Grès ; de là bien des difficultés et des récriminations. La Couronne, pour régler tout cela, résolut de faire vendre les propriétés de Messieurs Stuart et Porter, comme elle en avait le droit en vertu de son hypothèque de bailleur de fond. Les Forges, avec un grand nombre de lots

  1. Lisez 117 ans.
  2. Les Ursulines des Trois-Rivières, vol. 1, page 383.