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Pendant que je suis à m’entretenir bien amicalement avec l’excellente famille Beauchemin, j’entends que M. Fortin se munit de permissions et des clefs pour visiter la Grande Maison. Oui, il faut y songer, nous devons renoncer au charme de la conversation et continuer notre pèlerinage à travers les Vieilles Forges. Adieu belle et noble famille, cœurs vraiment chrétiens ; quand vous priez dans l’oratoire de la Sainte-Face, accordez quelquefois un petit souvenir au plus humble de vos anciens missionnaires.

Nous retournons un peu sur nos pas. Après avoir traversé le pont, et passé les deux maisons habitées qui l’avoisinent, nous entrons dans un champ. Une ruine de maçonnerie s’élève triste et solitaire : ce sont les Forges Saint-Maurice, il n’en reste que cela. Pourtant, en bas de la côte, je reconnais encore la forge du gros marteau ; mais le bâtiment est en ruine et le gros marteau est disparu. C’est donc ici qu’il y a eu tant de mouvement autrefois, et maintenant c’est la solitude. Les dépendances des Forges, les maisons qui contenaient tant de personnes, tout a disparu. Les ruines dans un jeune pays sont comme des cheveux de neige sur une tête de quinze ans, cela serre péniblement le cœur.

Mes amis, j’ai pu recueillir quelques notes qui vous intéresseront : asseyons-nous sur l’herbe, en face de ces ruines, je vais vous raconter succinctement l’histoire des Forges.