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La chute de Chawinigane

Savez-vous, cher lecteur, que M. Arthur Rousseau est mon ami ? Vous ne le saviez pas ? J’ai donc l’honneur de vous l’apprendre. L’origine de notre amitié remonte à l’automne dernier : elle n’est pas aussi vieille que la lune. Je m’étais rendu à Saint-Boniface pour assister à la bénédiction d’une cloche qui devait servir à la nouvelle paroisse de Saint-Mathieu ; j’avais l’intention de passer ensuite par Ste-Flore et par les Piles, et de faire précisément le petit voyage que je fais actuellement sur le Saint-Maurice. Je vous ai déjà dit que le lendemain nous avions quatre pouces de neige.

Comme par un pressentiment de ce qui devait arriver, je voulus visiter la chute de Chawinigane le jour même de la bénédiction ; sachant quel était mon désir, les personnes qui s’intéressaient le plus à mes notes de voyage, M. le curé Bellemare, M. F. L. Désaulniers, me présentèrent à M. Rousseau. Vous allez voir que ce ne fut pas inutile.

L’office divin était fini, le banquet nous avait réconfortés, je brûlais maintenant d’aller faire ma petite promenade à la chute qui se trouve à une lieue et demie de l’église. Le soleil était beau, M. le curé m’offrait sa voiture, M. Rousseau, gardien des estacades, mettait trois de ses employés à ma disposition, pourquoi aurais-je hésité ? Je partis donc vers une heure et demie de l’après-midi. Mais, par surcroît de bonheur, voilà bien que M. Rousseau voulait venir en personne m’accompagner dans ma petite excursion. Être con-