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pour le bois non flottable ; en effet ; ces scieries trouveront naturellement leur centre dans le village qui est la tête du chemin de fer et de la navigation. Je souhaite ardemment que ces belles et légitimes espérances se réalisent au plus tôt.

Le village des Piles renferme aujourd’hui trente-cinq maisons. On y voit une gare de chemin de fer, quatre maisons de pension, six magasins, une scierie ; on y trouve un boulanger, un boucher, un cordonnier, un forgeron et cinq menuisiers ou charpentiers. Vous voyez donc qu’on y est pourvu de tout ce qui est nécessaire aux besoins ordinaires de la vie.

Un conseil municipal y fut organisé en 1886 et tint sa première séance le 17 septembre de cette même année. M. Éphrem Desilets fut le premier appelé à remplir la charge de maire, et il occupe encore actuellement ce poste d’honneur.

Une école y fut aussi ouverte, en 1886, à une jeunesse pleine de vie et d’espérance ; Mademoiselle Noémi Mercure fut la première institutrice.

Je passe ainsi mon temps à recueillir quelques renseignements sur le village des Piles. Dans l’après-midi de cette longue journée, le froid et l’humidité nous pénétraient jusqu’aux os et l’on fut obligé d’allumer le poêle ; j’ai craint pendant un certain temps que mon voyage ne nous amenât de la neige au 12 de juillet.

M. le curé nous arrive vers trois heures, c’est un évènement joyeux dans cette journée de mécompte. La pluie cesse dans l’après-midi, et sur le soir nous pouvons sortir pour aller voir la chute, et pour visiter le petit bateau qui devra bientôt remonter le St-Maurice. Puis, après une veillée agréable avec le bon curé, je me retire dans ma chambre, au bruit du vent qui souffle avec violence, et avec la perspective de m’en retourner le lendemain par chemin de fer, comme j’étais venu. Cette perspective n’était pas gaie, je vous l’assure.

À quatre heures du matin, je m’éveille en sursaut, Le ciel est plus beau, mais les nuages sont encore me-