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Le Saint-Maurice est une rivière aux eaux rapides et quelquefois profondes, qui coule du nord au sud et va se jeter dans le fleuve Saint-Laurent. Il prend sa source à la hauteur des terres, et n’est d’abord qu’un mince filet d’eau à la marche lente et indécise ; mais il se grossit rapidement des différents ruisseaux, des différentes rivières qu’il rencontre sur son passage, et il est à peine à quelques lieues de sa source, que déjà il est devenu un fleuve majestueux. Sa longueur totale est d’environ 120 lieues, et sa largeur moyenne d’environ 800 pieds.

Les sauvages des rives du Saint-Maurice, les Algonquins, le nomment Métapiloténosépi. J’entends bien l’exclamation de mes lecteurs : Quel nom de la longueur d’une toise ! C’est à n’en plus finir !

Ceux qui ont lu l’histoire vont peut-être même s’indigner : Vous n’êtes pas le premier qui donnez le nom de cette rivière en algonquin, mais dans les autres auteurs on trouve un mot tout différent. — Eh bien ! chers lecteurs, c’est que je veux être original. Si je ne faisais que copier ce que les autres ont dit avant moi, vous demanderiez pourquoi je me donne la peine d’écrire. Je suis donc enchanté de ce que vous trouvez que je ne dis pas comme les autres.

Mais entendons-nous, maintenant : Du nom de seize lettres que je vous ai lancé par la tête, retranchons sépi qui veut dire rivière ; retranchons aussi l’o euphonique qui précède sépi, il va nous rester un mot un peu plus acceptable, quelque chose comme Métapilotène.

Souvenons-nous aussi que dans les langues sauvages on change très facilement b en p, d en t, e en i, l en r, et réciproquement. Or quel nom les historiens donnent-ils au Saint-Maurice ? Ils donnent le nom de Metaberoutine ou celui de Métapelodine. Eh bien ! ouvrez les yeux, et vous verrez que c’est le même mot, avec les quelques changements de lettres que nous avons mentionnés.

Ce mot signifie décharge au vent, et fut employé,