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de capacité, qui promettait de rendre les plus importants services à la religion, si la mort ne l’eût moissonné au commencement de sa carrière.

Après ce malheureux accident, les hommes qui montaient le canot n’ayant pu sauver que la chapelle du missionnaire, et se trouvant sans provisions, furent obligés de s’éloigner plus tôt qu’ils ne l’auraient voulu de ce lieu de douleur. Ils rencontrèrent, deux lieues plus bas, un sauvage qui, voyant leur détresse, partagea généreusement avec eux le peu de nourriture qu’il avait avec lui, et qui leur promit de faire des recherches pour retrouver le corps de l’infortuné missionnaire, et de le garder soigneusement, en attendant que l’on vint des Trois-Rivières le chercher. S’étant ensuite remis en route, ils arrêtèrent à la Rivière-aux-Rats, où un M. Greives qui y faisait couper du bois les accueillit avec bienveillance, et leur donna des provisions pour le reste de leur voyage.

Ces pauvres gens accablés par la douleur, arrivèrent aux Trois-Rivières le 29 au soir, et portèrent la consternation parmi tous les citoyens, en leur faisant part des tristes détails que nous venons de raconter.

M. Harper ayant exercé pendant plusieurs années les fonctions du saint ministère, s’y était attiré, par ses brillantes qualités, l’affection et le respect de tout le monde. M. le grand vicaire Thomas Cooke, curé de la ville, qui était d’autant plus sensible à la perte de ce vertueux ecclésiastique, qu’il avait été plus à portée d’apprécier son mérite, s’empressa d’expédier vers l’endroit où le naufrage avait eu lieu, des hommes munis de tout ce qu’il fallait pour faire la recherche du corps et le retirer de l’eau. Ceux-ci ne furent point à la peine de chercher longtemps : ils trouvèrent, le 6 juillet, le corps du défunt, flottant sur l’eau, à environ deux lieues plus bas que les Grandes-Pointes ; et l’ayant déposé dans leur canot, ils reprirent le chemin des Trois-Rivières, où ils arrivèrent le 9. Le lendemain un service solennel pour le repos de l’âme du généreux missionnaire fut chanté dans l’église paroissiale, au milieu d’un concours nombreux de membres du